Tout foutait le camp toujours. Comme une putain de boîte à musique qui se mettait à dérailler d’un coup, et la danseuse avec son tuto se figeait et les sons devenaient horribles, vous laissant une seule envie, celle de choper quelque chose pour la réduire en miettes. Et c’était exactement comme ça que Babs se sentait, comme une boîte qu’on avait fait taire. En miettes. Elle regardait les éclats de porcelaine au sol qui lui faisaient écho, de la vaisselle que plus tard sa mère ne manquerait pas de lui compter en dollars sonnants et trébuchants. Qu’elle lui ferait payer en lui rappelant qu’ils ne pouvaient pas être véritablement, parce que c’était des trésors inestimables et que pour une raison obscure, ces morceaux de terre cuite valait plus pour elle que son propre sang. Elle sera les poings alors qu’elle sentait que l’on rongeait les tissus du mensonge qui les avaient tous gardés prisonniers les uns des autres pendant tant d’années. Elle encaissa, l’énième insulte lancée par Charlie qui s’acharnait à briser les derniers liens quand elle couvrit ses oreilles et se mit à hurler, figeant toute la maisonnée dans le silence.

« C’est vrai. » Admit-elle dans un souffle, alors que des larmes dévalaient sur ses joues. Un mélange de soulagement, de peur, de honte aussi. Pas mal de regrets. Vrai. L’acte de naissance à leurs deux noms. Charlie Cutler, fils de Lisbeth Cutler, père inconnu. A cet instant, elle aurait juré que le regard qu’il avait posé sur elle était le même que celui de son père, Sullivan quand il lui avait demandé d’avorter et elle aurait voulu disparaître sous terre. Elle avant tendu les mains, tremblantes parce qu’elle avait voulu le prendre dans ses bras pour la première fois en pouvant le considérer comme son fils mais il l’avait brusquement repoussée. Il ne voulait pas qu’elle le touche. Il ne voulait pas qu’elle lui parler. De la sœur elle était devenue la salope, la menteuse. Pas la mère. Il n’avait pas demandé comment, pourquoi. Il ne voulait plus rien entendre d’elle, il ne pouvait pas avoir confiance après qu’elle lui ait mentit toutes ces années, qu’elle se soit débarrassée de lui en le refilant à ses parents comme un paquet encombrant. Il ne voulait qu’une chose d’elle, le nom de son père. Sullivan Rhys. Sully, avait-elle pensé alors que ses jambes devenaient comme du coton. Ce bâtard blond. Est-ce qu’elle n’avait jamais cessé de penser à lui ? Jamais. Aussi douloureusement qu’il avait lui, facilement tourné la page. Un jour elle s’était pointée chez les Rhys, alors que son ventre était bien rond et qu’elle pensait qu’il avait le temps de se calmer, de réfléchir à tout ça et de l’avaler et c’était un inconnu qui lui avait ouvert qui l’avait scannée de haut en bas avant d’afficher un regard pervers et de lui proposer d’entrer. Il avait fui comme un lâche et il restait encore le héros de l’histoire. Encore une fois la mélodie dérapa sur quelques notes.
Les tempes bourdonnantes, elle l’avait suivi alors qu’il faisait ses bagages. Ce gosse devenu un homme sans qu’elle puisse l’apprécier. Il était décidé. Tout ce qu’il avait en bouche c’était le nom de Sully. Et elle, elle n’avait pas la moindre idée d’où il pouvait se planquer. Ce n’était pas comme s’il avait envoyé une carte postale ou fait signe de vie au cours des 20 dernières années. Elle l’avait exhorté au calme, à la patience, qu’elle allait le retrouver et lui il avait sorti son téléphone en balançant une liste de villes où résidaient des Sullivan Rhys qui avaient l’âge de son père. En lui donnant un choix, réparer ce qu’elle avait merdé où aller brûler en enfer. Et elle n’aimait déjà pas le sauna…