T'aimais faire enrager les autres, c'était surement ton activité préférée. Tu te plantais au fond de la classe près des fenêtres où tu pourrais observer les gestes des uns et des autres. Tes parents ne savaient plus ce qu'il pouvait faire de toi. T'étais aussi paumé qu'eux. T'étais un cancre, un merdeux de première, t'étais un con qui préférait semé la zizanie en classe plutôt que de bosser un peu. Tu croyais peut-être que le travail tomberait du ciel une fois sorti des bancs scolaires. Toi et ton esprit rêveur, il fallait peut-être que tu exploses de cette foutu bulle dans laquelle tu baignais depuis ton enfance. Ta mère t'avait toujours surprotégé à un point frisant la paranoïa alors, tu faisais partie de cette catégorie de sale gosses te croyais surement tout permis. Ce que tu voulais exercer comme métier plus tard ? Rien. C'est le néant total, un trou noir. Tu n'étais qu'un môme perdu.  Tu te disais souvent que tu finirais simplement par enchaîné les petits boulots alors, que tes amis feront probablement de grandes études - ou peut-être pas. T'étais pas devin. « Tu finiras par trouver, j'en suis certaine  » Un rire amer te secouais à chaque fois qu'elle te sortait cette phrase, mais tu ne pouvais pas lui en vouloir, Oprah était surement la seule personne étant encore capable de nourrir des espérances concernant ton cas. Alerté par les professeurs, tu avais fini par passé devant les psychologue, des psychiatre, les avis médicaux à répétition. Tu n'étais pas malade, tu étais un peu pommé, tu te cherchais, partageant ton être avec une hypersensibilité diront-ils. Ton père avait abandonné l'idée de te résonner, les liens s'étaient totalement effrité en grandissant, l'absence de son autorité se voyait au travers de ton comportement. Il avait opté pour la fuite quant à ton sujet face à l'étendue des travaux pour te faire entendre raison laissant ainsi le reste à ta pauvre mère. Qu'avaient-ils donc raté dans ton éducation ? Rien. Ils avaient simplement commis l'erreur de te laisser trop de liberté.


Avalant les verres que le barman te servait à ta demande, la chaleur irradiait ton corps à cause de ce breuvage concentré, tu fronçais les sourcils pour te concentrer un minimum afin de pouvoir conserver l'équilibre qui s'effilochait sous les effets de l'alcool. Tu observais Oprah depuis quelques minutes, elle n'était pas encore au courant de ta venue, elle riait aux éclats en bonne compagnie. Ca ne te plaisait pas, mais elle semblait heureuse, tu aimais entendre son rire semblable à une symphonie. Avec cette fille, votre histoire fut toujours très complexe. Tu étais l'idiot de service, celui qui gangrenait sa vie depuis qu'elle avait eu le malheur de faire ta connaissance. Tu savais sans artifice que tu étais un poison pour elle pourtant, tu étais incapable de disparaître de sa vie. A de nombreuses reprises, elle t'avait hurlé au visage de disparaître, de ne plus venir mettre le foutoir dans sa vie. Les larmes perlaient souvent sur son visage enfantin, elle avait mal. Mal de te faire disparaître de sa vie, vous étiez indissociable. Tu aurais tout fait pour sa petite personne, tu aurais pu décrocher la lune pour elle si c'était faisable .C'était cliché, mais pas moins vrai pour autant. Les relations qu'elle entretenait avec sa famille s'était dégradé par ta faute, son père lui interdisait de te fréquentait, tu n'étais qu'un bon à rien qui foutrait la vie des autres ainsi que la tienne en l'air sans contrariété. Il n'avait pas tort, le padre. Tu aurais tellement aimé pouvoir te tenir loin d'elle, tu en étais totalement incapable. Elle était ton équilibre, ta sécurité. Lorsque tu pétais littéralement les plombs, elle était celle qui savait par les mots éteindre cette furie qui naviguait dans ton sang. A de nombreuses reprises, elle t'avait vu faire usage de la violence qui envahissait ton être comme un tsunami toutefois, elle restait-là. La frayeur peignait son visage, mais elle te serait dans ses bras fortement comme pour retenir de tomber dans le gouffre plus que tu ne l'étais déjà. Elle était belle, Oprah même lorsqu'elle déversait sa colère contre toi. Elle était ta bouée, ton navire aux travers des eaux sombres. Oprah, son nom n'est désormais plus qu'un mirage alors, que ton coeur hurle tout le contraire.


Tu serais les poings et t'enfonçais autant que possible dans ce fauteuil inconfortable, tes prunelles sombres se baladaient sur la peinture blanchâtre de la pièce. Elle n'était pas aussi accueillante qu'on voulait le démontrer. L'homme qui se tenait près de toi - toutefois, en tachant de garder une certaine distance - t'observais au travers de ses lunettes à la dernière mode, surement. Ce n'était qu'une hypothèse, tu n'étais pas sorti depuis un long moment, tu n'avais pas eu l'occasion de voir le monde changé et suivre son cours depuis quelques mois terriblement long. « Alors, dites-moi Rowan, avez-vous fini par vous décidez à envoyer les lettres ? » Tu pinçais les lèvres, menant à réflexion les mots qui franchiraient la barrière que formait tes lèvres. « Non » Trois lettres, un mot. C'était le minimum que tu pouvais donner concernant ces fichus lettres. C'était l'occupation à laquelle tu te livrais lorsque tu commençais à te noyer dans la rage qui te consumait quant à ta présence entre ces murs de pierres froides et vide de vie. Tu lui écrivais tous les jours - ou presque. Un jour sur deux, assurément. Tu n'avais pas grand-chose à lui raconter, tu l'implorais simplement de te pardonner tes erreurs et ton départ silencieux. Elle ne méritait pas ce chagrin. Pour l'heure, elle devait penser que tu l'avais lâchement abandonné après qu'elle t'ait donné tout ce qu'elle avait de précieux à ses yeux. C'était faux, erroné mais, tu étais incapable de lui dire pour le moment où tu te trouvais et plus encore les raisons qui faisaient de ce lieu ta nouvelle demeure. Une énième bagarre, celle de trop et ton existence se bouleversait considérablement. Un jour, tu sortirais de ce merdier et alors, tu lui raconterais tout en priant qu'elle éprouve le désir de te pardonner.


La lumière avait finalement toujours attisé ta curiosité. Elles étaient semblables à des lucioles éclairant les chemins trop sombres. Ton chemin brumeux. Les gens s'esclaffaient, d'autres émettaient leurs surprises face aux scènes différentes. Les histoires, tu aimais cette facette de ce métier, elles te permettaient de voyager, de t'éclipsait l'espace d'une heure - ou deux de cette vie dont tu avais fait le choix. Personne ne t'avait forcé à forger cette vie. C'était délibéré, pas vrai ? Reprendre la vie telle que tu l'avais laissé avant de te soldé par une absence prolongée, n'est pas évident. Elle ne le sera jamais. Tu le sais, mais tu continues de cultiver l'espoir que tous les éléments reprennent leur place d'antan.