vendredi vingt-huit novembre, 03:25 , londres Ϟ
Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais aujourd'hui, j'ai décidé de suivre les conseils des deux idiots collés à mes baskets. L'un d'eux eut la charmante idée de lancer sur la table leur sujet favori - soit ma condition psychologique - tandis que l'autre déclarait déjà qu'il me fallait m'ouvrir. Mais mon silence leur suffit à comprendre qu'ils fonçaient tout droit vers un mur, ce qui conclut notre discussion. Ce qui aurait pu conclure notre discussion, si seulement Luca n'avait pas cette tendance à vouloir le dernier mot afin de glisser un conseil aussi inutile que débile - le sien étant, cette fois, qu'écrire pourrait peut-être m'aider à ranger mon esprit.

Je ne saurais dire d'où vient le problème : est-ce lui qui débute enfin à réfléchir ou moi qui régresse, commençant même à trouver ses paroles pertinentes ? Je n'en sais rien, reste simplement le fait que je suis maintenant en train d'écrire. Peut-être ai-je découvert un brin de narcissisme en moi, à me dire que poser sur papier mon histoire pourrait en effet être intéressant. Ou alors suis-je simplement en train de chercher un moyen d'avancer, sans emporter chacun de mes souvenirs avec moi, ce qui au passage réduirait peut-être mes insomnies. Je ne sais pas, je ne suis sûr de rien, mais je continue.


Je ne dors pas ce soir encore, alors que nous avons atterri il y a près de cinq heures. J'ai même eu le temps de vider chacun de mes cartons et bien que mes yeux me piquent de fatigue, je n'arrive toujours pas à rejoindre les bras de Morphée. Mais ce soir est différent des autres ; le stress me paralyse et l'angoisse me fait trembler. Demain, je repartirai à zéro et ce n'est pas ma première fois. Pourtant, ce serait tout comme, voir pire. J'appréhende. Probablement parce que je n'ai encore jamais endossé le rôle d'un sportif, certainement parce que je n'y connais rien, sûrement parce que m'avoir offert une réputation d'athlète fils à papa m'empêchera d'être aussi invisible que les dernières fois.


Je ne veux pas avoir à parler, je ne veux pas avoir à m'expliquer, mais sûrement ne le comprenez-vous pas. Vous ne pourriez pas, sans avoir pris conscience du pourquoi et du comment. Mais alors, il me faudrait vous le conter. Et ce ne serait ni une histoire de princesse à sauver, ni celle d'un banal truand chassé par un cow-boy.


Dans ces pages, vous trouverez bien plus qu'un petit passe-temps ; ces mots vous porteront malheur comme la peste attendant à votre porte. Ces mots feront naître le malaise et l'incompréhension en vous. Ces mots étalent l'une des nombreuses histoires passées sous silence, l'une des nombreuses histoires que certains sont chargés de protéger en échange d'un salaire exorbitant. Ici se trouve le secret de mon existence, la réalité que j'ai tant de mal à cacher, les faits que je dois ignorer chaque jour, les apparences que je suis fatigué de sauver.