Lorsque une petite fille rêve d'amour, elle pense au prince charmant. Ce bel homme qui pourra l'enlacer, lui dire des mots doux, la couvrir de cadeau et surtout la rendre heureuse comme une princesse. Mais les contes de fée n'existe pas. Pourtant, la vie d’Elyanna a tout d’un conte de fée. Un père tendre, une mère adorable, de belles fréquentations et surtout un cadre de vie irréprochable. Elle est née durant le Samedi de Lazare, pendant un été très chaud. Sa mère avait souffert tout au long du carême mais l’avait tout de même respecté. C’était une femme très croyante qui voulait élever sa fille comme une belle petite fille, sous le regard bienveillant du Tout Puissant. Son père, lui, se moquait pas mal de la religion, il se prêtait au jeu pour faire plaisir à sa tendre épouse mais n’avait rien d’un grand croyant, ni d’un grand pratiquant. Tout ce qu’il souhaitait pour sa fille, c’était une longue vie, un quotidien pas trop compliqué et un maximum de bonheur. De quoi rendre madame Gates folle de rage lorsque son mari ne faisait pas ce qu’il fallait,  selon les préceptes de la bible. Du plus loin qu’elle se souvienne, Elyanna a toujours vécu à Londres. Cela depuis plusieurs générations déjà. Ses parents ont toujours eu assez d’argent pour qu’elle ne manque de rien, étant fille unique, elle a été élevé en enfant roi durant toute son enfance et une bonne partie de son adolescence. Ses parents veillaient sur elle comme sur une pierre précieuse, elle était le joyaux de la famille. Très enjouée et toujours souriante, elle n’avait aucun problème pour se faire des amis dans les cours de récréations, c’était le genre à jouer avec tout le monde et rire aux éclats à longueur de temps. Une pile électrique, une petite boule de joie, voilà comment beaucoup aimaient la qualifier. Elle s’entendait avec tout le monde, mais certaines personnes étaient chers à son coeur. Deux garçon en particulier. L’un pour ses nombreuses qualités, sa faculté à la faire rire. L’autre, pour son côté intriguant, pour son absence et son intelligence à la fois. Les frères Oswald. Ils avaient ce petit quelque chose qui faisait qu’Elyanna ne pouvait pas en détacher son regard. Dès son plus jeune âge, son coeur s’éprit de l’aîné de la famille : Uriel. C’était un garçon adorable et plein de qualité. D’après ce que la jeune fille voyait, il était la fierté de la famille et tout le monde l’admirait pour cela. Un bon parti qui faisait chavirer son coeur de petite fille. Le courant passa très vite et les deux jeunes gens n’attendirent guère longtemps avant de s’éprendre l’un de l’autre. Bien vite elle tomba amoureuse du bel Uriel et se mit à jurer que par ses yeux. Où qu’il aille, elle était là. Pas pour l’espionner, mais parce qu’elle refusait de rester longtemps loin de lui.
Pourtant, malgré son amour pour lui qui n’allait qu’en s’améliorant, elle ne pouvait s’empêcher de regarder le frère de son amant, Gadreel. Il n’était pas comme les autres, elle en était persuadée. Il avait quelque chose de différent en lui et cela intriguait Elyanna au plus haut point. Il lui arrivait de fixer ce dernier durant de longs moments pour essayer de lire en lui, mais ce n’était pas aussi simple que cela. Ses yeux ne laissaient rien transparaitre, c’est comme s’il avait ses pensées cadenassaient et que nul autre que lui ne pouvait en profiter. Une chose qui agaçait la jeune femme, elle qui aimait comprendre comment pensait son entourage. Il lui arrivait de poser des questions à Uriel, pour savoir ce qui se passait dans la tête de son frère, mais il ne lui donnait jamais satisfaction, à première vue lui non plus ne savait pas décrypter son propre frère.

Plusieurs années plus tard, Elyanna était restée la même. D’ailleurs, pour rien au monde elle ne souhaiteraient changer. Un sourire se sculptait chaque jour sur ses lèvres, il était bien rare qu’elle soit triste. C’était le genre à profiter de la vie pleinement sans jamais regarder en arrière, mais cela ne plaisait pas à tout le monde. Depuis quelques temps, son père s’était mis à boire et avait du mal à raisonner correctement. Au grand damne de sa femme qui avait du mal à supporter ses changements d’humeur et sa manie à devenir violent après quelques verres. Un soir bien arrosé, monsieur Gates avait dépassé les bornes. Pour une raison futile, il s’en était pris à sa chère fille qui n’avait osé répliqué, par peur mais surtout par respect pour sa figure paternelle. Un acte qui n’allait pas passer à la trape à en croire par les gestes exagéraient de madame Gates qui commis alors la plus fatale des erreurs. C’était comme si le coup était parti tout seul, comme si elle n’avait pas eu d’autre choix pour calmer son mari que de le frapper violemment à la tête avec une bouteille. Certes, elle ne pensait pas le tuer, mais elle y avait mis toute ses forces, poussée par cette chose fabuleuse que l’on nomme : adrénaline. Prise de panique et incapable de raisonner convenablement, Elyanna s’était empressée d’aider sa mère à cacher le corps sans vie de l’homme qui l’avait mise au monde. Elle pleurait, à chaude larmes, comme si toute la misère du monde s’était accrochée à ses épaules pour l’empêcher d’avancer. Elle était anéantie. Devait-elle pardonner à sa mère, qui au final n’avait agit ainsi que pour la protéger ? Devait-elle la dénoncer aux autorités, au risque de finir seule jusqu’au restant de ses jours ? Ou bien, devait-elle se taire, apprendre à vivre avec la mort de son père, assassiné par les mains de sa propre femme ? Elyanna était perdue, elle avait plus que jamais besoin d’Uriel à ses côtés pour la protéger de tous ses tracas.
Le corps du pauvre homme ne fut retrouvé que plusieurs mois plus tard, durant ce laps de temps, les deux jeunes femmes avaient été forcées de feindre l’ignorance, faire comme si elle ne savait pas où leur mari et père était passé. Elles ont bien vite lancé un avis de recherche afin de ne pas être soupçonner. Cependant, chaque jour, elles priaient. L’une pour que Dieu lui pardonne ses pêchers, l’autre pour que sa mère ne se fasse pas arrêter par les autorités. Elle aimait sa mère et refusait de la voir derrière les barreaux, elle était prête à tout pour protéger celle qui l’avait mise au monde. Peu de temps après que le corps ne soit retrouvé, Elyanna hésita à tout révéler à Uriel, pour partager avec lui cet incident qui allait peut-être lui être fatal. Mais sous les conseils de sa mère, elle y renonça. Il ne fallait pas qu’elle cède, pour le bien du reste de la famille. Que dirait ses tantes, oncles et autres cousins s’ils apprenaient qu’une meurtrière se cachait dans la famille ? De plus, Elyanna avait été complice bien qu’elle n’ait tué personne dans le fond.

D’autres meurtres plus graves aidèrent à étouffer l’affaire, les autorités se mirent alors à s’intéresser à des crimes d’autres ordres et Elyanna pu respirer. Grâce au soutien moral d’Uriel, elle n’eut pas de mal à traverser cette épreuve, bien qu’il lui arrive encore d’y repenser avec une boule d’angoisse au ventre. Tout devrait alors bien se passer à priori, et pourtant le reste de sa vie ne fut pas de tout repos. Peu de temps passa avant qu’un autre drame ne vienne frapper la jeune femme. En effet, son bien aimé disparu soudainement, sans que quiconque ne comprenne ce qui lui était arrivé. De quoi mettre la belle brune plus bas que terre, la rendre plus triste qu’elle ne l’était déjà. Comment se remettre de la mort de celui que l’on croyait être l’homme de notre vie ? Pour ne pas sombrer dans une forte dépression, Elyanna décida alors de se concentrer dans la fin de ses études afin de devenir institutrice. Cela porta ses fruits puisqu’aujourd’hui elle enseigne aux élèves de classes élémentaires, et cela lui convient parfaitement, elle adore son travail. D’ailleurs, le père d’une de ses élèves attira bien vite son attention et les deux jeunes gens ne tardèrent pas à se déclarer leur flamme. Un nouvel amour débute bien que des questions se bousculent dans l’esprit de la jolie brune. Quelque chose l’empêche d’être pleinement heureuse, un problème de taille. Elle ne sait pas d’où cela vient, elle ne comprend pas pourquoi elle ne peut se sortir ce visage de la tête. Elle qui pensait en avoir fini avec la famille Oswald, elle ne peut se détacher du frère de son ancien amant.
Ces jours passés ensemble à se chamailler, cet air de faux gentils garçon qui la faisait rire autant que ce qu’il l’inquiétait. Elle ne pouvait pas oublier tout cela, bien que ce sentiment soit très difficile à décrire. Il l’attire autant qu’il la repousse, il l’intrigue. Il est mystérieux, il lui embaume le coeur. Et cela, Elyanna n’arrive pas à le nommer. Est-ce donc cela la fameuse léthargie du coeur dont lui parlait les contes de fait ?